Adénocarcinome du pancréas

Page mise à jour le 10/12/2018
Auteur : 
Dr. Gabriella Pittau, Chirurgienne

La plupart des cancers du pancréas se développent à partir des cellules exocrines, qui sont les plus nombreuses. La forme de cancer la plus fréquente est l'adénocarcinome canalaire du pancréas.

Dans le monde, l'incidence des cancers du pancréas varie entre 1 et 10 cas pour 100 000 habitants; cette maladie est fréquente dans les pays développés et chez les hommes. C'est la 8ème cause de cancer chez les hommes et la 9ème chez les femmes.

En France, environ 9 000 nouveaux cas de cancer du pancréas sont diagnostiqués chaque année (évaluation pour 2011).  La grande majorité des personnes diagnostiquées a plus de 50 ans.

Les facteurs de risque du cancer du pancréas

Les principaux facteurs de risque associés au cancer du pancréas sont nombreux:

  • le tabac,

  • le diabète,

  • l'obésité,

  • la pancréatite chronique.

  • Même si la vraie relation génétique n'est pas toujours identifiée, le cancer du pancréas comporte une composante héréditaire dans 5 à 10% des cas : le risque relatif de développer un cancer du pancréas est augmenté si deux membres de la famille proche (père, mère, frère ou soeur) a eu ce type de cancer.

  • Certaines mutations génétiques enfin sont associées à un risque augmenté de cancer du pancréas.

Pour l'instant, il n'existe pas de moyen pour dépister la maladie précocément.

Dans 60 à 70% des cas, le cancer est localisé dans la tête et dans 20 à 25% dans le corps et dans la queue.

Symptômes et diagnostic de l'adénocarcinome pancréatique

Les symptômes plus fréquents chez les patients atteints d'un cancer du pancréas sont:

  • les douleurs abdominales,
  • la perte de poids,
  • l'asthénie (fatigue marquée)
  • l'anorexie (perte de l'appétit).

L'ictère (jaunisse) avec la présence d’urines foncées et de selles décolorées est typique du cancer localisé dans la tête du pancréas : la tumeur comprime le canal cholédoque, empêchant l'écoulement de la bile dans l'intestin et provoquant l'ictère.

Le diabète est présent dans la moitié des cas de cancer du pancréas.

En présence de ces symptômes, il faut réaliser un bilan afin d'exclure ou de diagnostiquer le plus tôt possible un cancer du pancréas. Le bilan inclut :

  • une prise de sang avec un bilan hépatique
  • et une échographie abdominale.

Si ces examens laissent suspecter un cancer du pancréas, il faut compléter le bilan par:

  • une prise de sang pour le dosage des marqueurs tumoraux,
  • un scanner qui permet d'évaluer l'extension locale de la tumeur et de rechercher à distance, surtout au niveau du foie,
  • une écho-endoscopie pour évaluer également l'extension locale des lésions, et pouvoir réaliser une biopsie si nécessaire.

Traitement

L'adénocarcinome du pancréas est un cancer redouté : il est généralement détecté tardivement, et l'atteinte pancréatique entraîne une dégradation très rapide de la santé du patient, limitant les possibilités thérapeutiques. Les progrès des traitements permettent de guérir certains patients, mais cette maladie reste parmi les plus difficiles à soigner.

La chirurgie est le seul traitement curatif du cancer du pancréas. Elle permet d'enlever la tumeur en retirant la partie du pancréas sur laquelle elle s'est développée. On parle de duodénopancréatectomie céphalique (DPC) pour une intervention sur la tête du pancréas ou de splénopancréatectomie gauche pour une opération sur le corps et la queue du pancréas. La chirurgie est réalisée d'emblée quand la tumeur n'envahit pas les vaisseaux mésentériques et/ou l’artère hépatique et le tronc coeliaque. La présence de métastases, hépatiques le plus souvent, est une contre-indication à la chirurgie.

Ces interventions chirurgicales sont lourdes, d'autant plus que l'ablation d'une partie du pancréas perturbe fortement le fonctionnement de l'organisme. Pour cette raison, il n'est pas toujours possible de les proposer aux patients.

La chimiothérapie  permet de ralentir voire d'arrêter le développement de la tumeur et/ou des métastases. Elle est parfois associée à une radiothérapie; on parle alors de radio-chimiothérapie. La chimiothérapie peut être entreprise dans plusieurs cas :

  • avant la chirurgie: pour diminuer l'extension de la tumeur et permettre une résection chirurgicale,

  • après la chirurgie: pour diminuer le risque de récidive et de développement des métastases,

  • en présence d'une tumeur avancée et/ou avec des métastases à distance pour lesquelles la chirurgie est contre indiquée.

D'autres types de traitements sont parfois entrepris. Ils n’ont pas d’action directe sur le cancer, mais aident à améliorer les symptômes et la qualité de vie. Il peut s’agir de la pose d’une prothèse (tube) pour faciliter la circulation de la bile (prothèse biliaire) ou le transit des aliments (prothèse duodénale). Il peut s'agir également de traitements de la douleur ou d’aide à l'alimentation.

Le choix du traitement dépend des spécificités du cancer:

  • sa localisation sur le pancréas,

  • son type histologique (le type de cellules impliquées)

  • son stade (son degré d’extension)

  • son grade (son niveau d’agressivité)

L'âge, les antécédentes médicaux et chirurgicaux, l'état de santé général sont aussi pris en compte dans le choix du traitement.

Comme la prise en charge de ce type de cancer relève de plusieurs spécialités médicales, le choix définitif du traitement fait l'objet d'une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Cette réunion rassemble des  médecins de spécialités différentes : gastroentérologue, chirurgien, radiologue, oncologue médical, oncologue radiothérapeute, pathologiste... En tenant compte des caractéristiques du cancer et des spécificités du patient et en s’appuyant sur les recommandations en vigueur, les médecins établissent une proposition de traitement. Ils peuvent aussi proposer l’inclusion du patient dans un essai clinique si cette option paraît la mieux adaptée.

Les essais cliniques sont des études scientifiques où l'on évalue l'efficacité des nouvelles molécules ou stratégies thérapeutiques. La participation d'un patient à une étude clinique ne peut se faire qu'avec son consentement écrit, après une explication claire de l'étude concernée et de ses implications pour lui même.

 

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