La vaccination contre l'Hépatite B

Page mise à jour le 10/12/2018
Auteur : 
Pr. Didier Samuel, Hépatologue

La prévention de l'hépatite B repose sur la vaccination anti-VHB. Le vaccin contre le virus de l'hépatite est commercialisé en France depuis 1981. Tous les vaccins sont à base d'antigène HBs (l'enveloppe du virus) et ne contiennent pas d'ADN viral, donc ils ne peuvent pas transmettre la maladie.

Les premiers vaccins étaient fabriqués à partir de purification de plasma, les vaccins actuels sont faits à partir de recombinaison génétique. Des cellules de mammifères ou des levures génétiquement modifiées produisent du gène S ou pre-S codant pour l'antigène HBs. La concentration antigénique varie de 5 à 40 microg d'antigène HBs, avec un adjuvant qui est de l'hydroxyde d'aluminium.

Schéma d'administration du vaccin

Les schémas actuels d'administration du vaccin sont à 0 mois (première injection), 1 mois et 6 mois, sans injection de rappel hors situation à risque (personnel soignant par exemple). Il existe des vaccins monovalents, protégeant seulement contre l'hépatite B, des vaccins combinés contre les virus de l'Hépatite A et de l'Hépatite B, et maintenant, des vaccins hexavalents pour les enfants (vaccins protégeant contre l'hépatite B et 5 autres maladies, pris en charge par la sécurité sociale depuis 2008).

Le but de la vaccination est d'induire un taux d'anticorps anti-HBs protecteur supérieur à 10 UI/l. Dans certaines situations à risque (métiers à risque, infirmières, médecins …), un taux protecteur de 100 UI/l est recommandé. Le but est également d'induire une mémoire immune, c'est-à-dire que même après baisse du taux d'anticorps anti-HBs en dessous de cette limite, la personne est protégée et reproduira des anticorps protecteurs en cas de contact avec le Virus de l'Hépatite B. Le taux de protection est de 95 % chez le nouveau-né et l'enfant, de 80 % chez le prématuré, de 90 à 95 % dans la tranche 20-40 ans, de 85 % dans la tranche 40-49 ans, 70 % dans la tranche 50-59 ans, et de 50 % dans la tranche supérieure 59 ans. Le vaccin est moins efficace chez les patients insuffisants rénaux, dialysés, sous corticoïdes.

La stratégie vaccinale en France

La stratégie vaccinale dépend des pays. Dans les pays de forte endémie, comme l'Asie du Sud Est ou l'infection se fait dans la période péri-natale ou la petite enfance, avec un risque de transmission verticale mère-enfant élevé, des programmes de vaccination à la naissance pour tous les nourrissons ont été établis. Dans les pays à faible endémie comme la France, les risques de nouvelles infections par le virus sont élevés essentiellement pendant la période péri-natale si la mère présente des antigènes HBs, ou à l'adolescence.

En France, dès 1982, la vaccination était ciblée pour les personnes à risque, avec des recommandations vaccinales pour le personnel de santé, les hémodialysés. En 1991, cette vaccination est devenue obligatoire pour le personnel de santé. En 1992, le dépistage de l'antigène HBs a été déclaré obligatoire au 6e mois de grossesse. En 1994, une campagne nationale de vaccination a été effectuée avec vaccination gratuite des élèves de 6ème ce qui a permis la vaccination de plusieurs millions d'adolescents. En 1995, le vaccin a été intégré dans le calendrier vaccinal, et en 2000, une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne a été obtenue pour les vaccins hexavalents.

La survenue de cas d'affections démyélinisantes (sclérose en plaque notamment) dans les suites ou à distance de la vaccination a entraîné une suspension de la campagne nationale de vaccination en 1998.

Une conférence de consensus sur la vaccination anti-VHB s'est tenue à Paris en 2003. Les conclusions sont que les liens entre le vaccin contre l'hépatite B et la survenue d'une affection démyélinisante ne peuvent être établis avec certitude. Si ce lien existe, il est faible (le risque relatif oscille entre 0,6 et 1,4) et le rapport bénéfice-risque reste, en France, très en faveur de la vaccination.

Le lien entre la sclérose en plaque et le vaccin est difficile à établir car le risque de développer une sclérose en plaque est peu différent dans les populations vaccinées et non vaccinées. On ne peut exclure que, chez certains patients, le vaccin - qui est un stimulus antigènique - ait activé une affection autoimmune comme la sclérose en plaque. Cela reste cependant à l'échelon individuel et le lien entre le vaccin et la survenue de sclérose en plaque est considéré comme faible. Par ailleurs aucun cas d'affection démyélinisante n'a été observé chez des enfants de moins de 7 ans.

Il est donc recommandé de vacciner les enfants de mères AgHBs positives à la naissance, d'insérer le vaccin anti-VHB dans le calendrier vaccinal des enfants et de vacciner les adolescents qui sont une population à risque.