Les complications hépatiques de la consommation d'alcool

Page mise à jour le 05/12/2016

La consommation excessive d’alcool endommage plusieurs systèmes au sein de l'organisme. Parmi les conséquences de l'abus d'alcool, les maladies du foie sont les plus fréquentes car le foie est le principal responsable de la transformation de l'alcool ingéré. D’autres organes tels que le pancréas mais également le système nerveux peuvent être endommagés. De plus, les intoxications à l'alcool peuvent altérer la santé mentale et engendrer des problèmes sociaux pouvant avoir de graves incidences.

La cirrhose alcoolique

Au niveau du foie, la stéatose (accumulation de graisses à l'intérieur des cellules) est la première conséquence de la consommation chronique d'alcool. Ces graisses sont des triglycérides, retrouvées dans le sang à des taux anormalement élevés chez les consommateurs excessifs d'alcool. La stéatose entraîne une augmentation du volume du foie (hépatomégalie). Elle régresse en principe à l'arrêt de la consommation d'alcool.

Si la consommation excessive d’alcool se poursuit, elle peut entraîner une inflammation avec une nécrose (destruction) des cellules du foie, puis une fibrose cicatricielle. Le tissu cicatriciel entoure des amas de cellules hépatiques qui se régénèrent créant des nodules de régénération. L’architecture du foie se trouve modifiée, l'organe présente un aspect dur, pierreux : c'est la cirrhose.

C’est au stade de cirrhose qu’apparaissent en général les complications sévères de la maladie alcoolique du foie. Le foie cirrhotique peut faire barrage à la circulation du sang, et entraîner une altération des fonctions du foie. Cela peut avoir pour conséquence un ictère (jaunisse), une ascite (liquide dans l'abdomen) et des varices dans l'œsophage pouvant se rompre et saigner. Enfin, la cirrhose peut évoluer vers une complication redoutable : le cancer du foie.

La toxicité de l'alcool sur le foie commence à des doses qui peuvent paraître modérées. Le risque de cirrhose devient important aux alentours de 30 grammes d’alcool par jour (3 verres) chez la femme et de 50 grammes d’alcool (5 verres) chez l’homme, pendant une durée d’au moins 10 ans. En France, la majorité des cirrhoses (75 % des cas), est due à la consommation d'alcool. La cirrhose peut également avoir d'autres causes, notamment les hépatites virales. La maladie est initialement silencieuse et ne se manifeste souvent qu’à un stade avancé.

 

Traitement de la cirrhose alcoolique

L'arrêt de la consommation d'alcool est la seule solution pour prévenir les complications graves et parfois fatale de la cirrhose hépatique.

Les psychiatres addictologues rappellent qu'il n'existe pas de molécule miracle. Des thérapies comportementales et une assistance sociale restent souvent nécessaires pour lutter contre une dépendance aux ressorts complexes. Les médicaments qui peuvent aider à sortir de l'alcoolo-dépendance se limitent aujourd'hui à deux molécules aux effets modestes : l'acamprosate et la naltrexone.

L'arrivée imminente sur le marché de nouveaux médicaments suscite un grand espoir. Certains de ces médicaments ciblent des systèmes de neurotransmission avec une même finalité, celle de jouer sur l'activité du circuit cérébral de la récompense. Le malade devrait être ainsi soulagé du besoin irrépressible de boire. Cependant les réactions peuvent être très variables selon les patients.

La molécule la plus connue du grand public est le Baclofène, aujourd'hui prescrit comme décontractant musculaire dans certaines maladies, comme la sclérose en plaques. Son efficacité dans l'aide au sevrage a été découverte par un médecin qui l'a testé sur lui-même avec succès. Ce traitement fait actuellement l'objet de deux essais cliniques, en vue d'une autorisation de mise sur le marché dans l'indication spécifique de lutte contre l'alcoolisme.

Les addictologues ont pour l’instant peu de critères permettant de préférer un médicament  par rapport à un autre. Des recherches cliniques sont donc nécessaires pour comparer ces médicaments entre eux et pour étudier leur combinaison.