Duodénopancréatectomie céphalique

Page mise à jour le 10/12/2018
Auteur : 
Dr. Gabriella Pittau, Chirurgienne

La duodénopancréatectomie céphalique (DPC) est l’intervention réalisée pour traiter les tumeurs localisées dans la région duodéno-pancréatique. Cela comprend :

  • les tumeurs de la tête du pancréas
  • Les tumeurs duodénales
  • Les tumeurs de l’ampoule de Vater, zone d’abouchement des canaux pancréatique et biliaire dans le duodénum.

Cette opération se déroule en deux temps. La première partie, phase de résection, consiste à enlever le bloc duodénopancréatique. La deuxième partie, la phase de reconstruction, est nécessaire pour relier entre-deux les différents organes qui ont été reséqués: estomac, intestin, foie et pancréas, afin de rétablir la continuité du tube digestif.

Déroulement de l'opération

Ablation de la zone cancéreuse

Compte-tenu de la localisation du pancréas, la DPC inclut l’exérèse (ablation) de la tête du pancréas, de la totalité du duodénum, d’une partie de l’estomac, de la voie biliaire et de la vésicule biliaire et de la première partie de l’intestin.

Les différents organes du système digestif sont reliés entre eux, et leur communication doit être rétablie par la réalisation de sutures appelées anastomoses. Une fois la pièce de DPC retirée, il y a trois anastomoses à réaliser.

Anastomose pancréatico-digestive

Le pancréas gauche restant est relié soit avec l’intestin (anastomose pancréatico-jéjunale), soit avec l’estomac (anastomose pancréatico-gastrique). Dans certains cas, un drainage pancréatique est également mis en place : un petit tube est introduit dans le pancréas, son extrémité peut être soit laissée dans le tube digestif (drainage interne) ou extériorisée via le tube digestif à la peau (drainage externe). Le but de drainage est de collecter le suc pancréatique afin de protéger la suture pancréatico-digestive et permettre sa cicatrisation.

Anastomose bilio-digestive

La voie biliaire est raccordée à l’intestin pour permettre à la bile de s’écouler normalement.

Anastomose gastro-jéjunale

L’estomac est raccordé au jéjunum pour permettre le passage des aliments lors de la digestion.

Le plus souvent, des drains sont laissés au contact de ces anastomoses pour recueillir les liquides digestifs dans l'attente de la cicatrisation.

Une sonde gastrique introduite par le nez en début d’intervention est laissée en place dans l’estomac. Elle permet, dans les tous premiers jours qui suivent l'opération, d'alimenter le patient en lui évitant les vomissements.

Une sonde urinaire est posée au bloc opératoire pour permettre de recueillir les urines et mesurer leur volume : cela permet de contrôler le fonctionnement des reins.

La durée totale de cette opération est en moyenne de 5 à 6 heures.

Période post-opératoire

A la sortie du bloc opératoire, le malade est hospitalisé dans une unité de soins intensifs en règle générale pour les premières 24H. Si le patient présente des pathologies associées (cardio-vasculaire, pulmonaire) cette durée de séjour en réanimation peu être plus longue.

Ensuite le malade est hospitalisé en unité d’hospitalisation conventionnelle. La durée moyenne d’hospitalisation est de 15 jours. Celle-ci peut-être prolongée si une complication survient.

Les drains placés lors de l’intervention sont retirés vers le 4ème ou 5ème jours après l’intervention. Si un drain a été placé dans le canal pancréatique et extériorisé par la peau, celui-ci est fermé environ 10 jours après l'opération, et retiré lors de la consultation réalisée un mois après la sortie de l’hôpital.

La sonde gastrique est retirée dès la reprise du transit intestinal, avant la reprise de l'alimentation orale (entre le 3ème et le 5ème jour en moyenne). Rapidement une alimentation liquide puis solide est débutée.

La sonde urinaire est retirée quelques jours après l’opération.

 

Les complications de la chirurgie du pancréas

La duodénopancréatectomie est une intervention majeure impliquant de nombreux organes: une surveillance attentive est assurée tout au long de la période d'hospitalisation afin de détecter et traiter rapidement les éventuelles complications de l'opération.

La fistule pancréatique est la complications la plus fréquente. Elle est due à un défaut de cicatrisation entre le pancréas gauche restant et le tube digestif (estomac ou jéjunum): le drainage établi lors de l'opération ne suffit pas à empêcher les secrétions pancréatiques de s'écouler dans l’abdomen. Le plus souvent, cette complication est traitée sans réintervention chirurgicale. Le drainage pancréatique est maintenu ou renforcé, l’alimentation orale est interrompue momentanément, et des médicaments sont donnés au patient afin de diminuer la sécrétion du suc pancréatique.  Dans moins de 10% des cas, ces mesures ne sont pas suffisantes : une intervention chirurgicale est alors nécessaire.

Une hémorragie interne peut survenir: elle est le plus souvent la conséquence d’une fistule pancréatique. Le traitement de l’hémorragie consiste à obturer ou suturer les vaisseaux endommagés  soit par voie radiologique, soit par reprise chirurgicale.

La diarrhée est une complication fréquente de la DPC. Elle est due principalement au fait que le pancréas restant ne suffit pas à produire les enzymes digestives nécessaires. Les graisses contenues dans les aliments ingérés ne sont pas digérées : les selles sont grasses, on parle alors de stéatorrhée. Elle est traitée par la prise d’extraits pancréatiques. La diarrhée peut également être une conséquence de l’exérèse des structures nerveuses proches du pancréas. Des médicaments anti-diarrhéiques permettent en ce cas de rétablir un transit normal.

La gastroparesie est un ralentissement de la vidange de l’estomac. Lorsqu’une partie de l’estomac est retirée, le passage des aliments dans l’intestin se fait plus difficilement, ce qui provoque une sensation  de ballonnement. C’est une complication fréquente qui est traitée par des médicaments qui accélèrent le transit digestif.

La fistule biliaire et la fistule gastriques sont des complications rares de la duodénopancréatectomie: elles sont dues à un défaut d'anastomose. Les liquides digestifs s'écoulent alors dans l’abdomen.

Le diabète, enfin, est une complication assez rare de la DPC: elle touche environ 15% des patients 5 ans après l'opération. Le diabète est un dysfonctionnement de la régulation du glucose dans le sang. Chez les patients ayant un diabète non insulino-dépendant (non traité par l’insuline) avant l’intervention, une aggravation du diabète après l’intervention peut conduire à la nécessité d’un traitement par l’insuline.