Le Syndrome d'Alagille

Page mise à jour le 28/07/2016
Auteur : 
Professeur Emmanuel Jacquemin (Service d’hépatologie et de transplantation hépatique pédiatriques CHU Bicêtre)*

 

 

Le syndrome d’Alagille représente 10 à 15% des causes de cholestase néonatale (1 cas sur 100000 naissances). Il est caractérisé par l'association de cinq critères majeurs: un faciès particulier (front bombé, petit menton pointu, hypertélorisme), un embryotoxon postérieur, des anomalies vertébrales à type de vertèbre en aile de papillon, une sténose périphérique des branches de l'artère pulmonaire (ou une cardiopathie complexe comme la tétralogie de Fallot) et une cholestase chronique due à une paucité des voies biliaires interlobulaires. Le diagnostic est posé sur l'association d’au moins trois des cinq critères.

La paucité des voies biliaires est définie par l'absence de voie biliaire visible dans plus de 50% des espaces portes sur une biopsie de foie contenant au moins 10 espaces portes.

D’autres organes peuvent être atteints au cours du syndrome  d’Alagille. L’atteinte rénale est fréquente pouvant se manifester par une acidose tubulaire voire une insuffisance rénale qui peut se démasquer rapidement après la transplantation hépatique. Une hypertension artérielle peut aussi compliquer l’évolution du fait de l’atteinte vasculaire du syndrome caractérisée par des sténoses artérielles.

L'évolution vers la cirrhose n'est pas constante et peut apparaître à partir de l’adolescence, faisant discuter une transplantation hépatique. Une transplantation hépatique plus précoce peut aussi être indiquée en cas d’ictère persistant depuis la naissance associé à des xanthomes et un prurit sévère.

Le diagnostic peut être posé à l’âge adulte en cas de maladie du foie inexpliquée ou en cas de découverte d’une atteinte rénale ou d’une hypertension artérielle. La transmission se fait sur un mode autosomique dominant. Deux gènes sont impliqués dans le syndrome d’Alagille : JAG1 et NOTCH2. Des mutations du gène JAG 1 sont identifiées chez plus de 80% des patients. Ce gène code une protéine qui lie un récepteur transmembranaire (Notch) impliqué dans la différenciation cellulaire à des étapes précoces du développement. Le gène NOTCH2 est plus rarement impliqué. Un diagnostic moléculaire anténatal est disponible, mais dans 2/3 des cas les mutations sont sporadiques.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le témoignage d'une patiente transplantée.

 

Merci au Professeur Emmanuel Jacquemin (Service d’hépatologie et de transplantation hépatique pédiatriques, CHU Bicêtre, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Université Paris Sud) pour la rédaction de cet article.

*Le syndrome d'Alagille est pris en charge par le Professeur Jacquemin et son équipe du CHU de Bicêtre.