Prélèvement hépatique chez un donneur familial

Page mise à jour le 10/12/2018
Auteur : 
Dr. Eric Vibert, Chirurgien transplanteur
Le foie a la capacité de se régénérer s'il est endommagé ou lésé: cette fabuleuse propriété permet d'effectuer des "transplantations hépatiques à donneur vivant" : une personne en bonne santé peut donner une partie de son foie à un proche qui a besoin d'une greffe. Chez le donneur, le foie divisé se régénère après le don. Chez le receveur, la partie du foie implantée se régénère également jusqu'à prendre le volume nécessaire à l'organisme qui l'héberge.

L'encadrement du don à donneur vivant

Le don d'une partie du foie d'une personne saine de corps et d'esprit à une autre personne nécessitant une transplantation hépatique n'est possible en France qu'entre personnes proches de la même famille (enfants, parents, conjoints).

Le donneur potentiel et le malade doivent avoir reçu des informations très détaillées sur les autres possibilités et les risques encourus en cas de don. Le donneur doit être majeur et avoir exprimé son consentement devant le président du Tribunal de Grande Instance ou le Procureur de la République. La proposition de don peut être retirée à tout moment sans justification. Un comité d'experts indépendants analyse la demande et procède à des entretiens avec le receveur, le donneur et la famille. Le bilan chez le donneur est très strict et comprend notamment des examens pour s'assurer qu'il est en parfaite santé physique et morale.

Le principal intérêt de la transplantation à donneur vivant est de permettre à des patients en attente de greffe hépatique d'accéder plus rapidement à un greffon mais en aucun cas, elle ne change les règles d'accès à la transplantation. En cas de doute quant à la faisabilité de l'hépatectomie dans des conditions satifaisantes de sécurité chez le donneur, la transplantation n'est pas effectuée. Dans tous les cas, c'est la sécurité du donneur qui prime sur la nécessite de réaliser la transplantation chez le receveur.

Le prélèvement

Si la transplantation est finalement envisagée, les interventions chez le donneur et le receveur auront lieu en même temps, dans deux salles d'opérations adjacentes, par deux équipes de chirurgiens.

L'intervention sur le donneur se déroule sous anesthésie générale : il s'agit d'une hépatectomie. Les principes sont les mêmes que lors d'une hépatectomie classique, mais la section-ligature des pédicules vasculaires est réalisée au terme de la section parenchymateuse afin de ne pas ischémier « à chaud » le futur greffon. Au Centre Hépato-Biliaire, le prélèvement hépatique consiste le plus souvent en une hépatectomie droite. L'alternative, l'hépatectomie gauche, apporte une quantité de parenchyme souvent insuffisante pour un receveur adulte.

Après le prélèvement de la partie du foie à greffer, l'intervention se termine par l'hémostase, le drainage et la fermeture (cf. article sur l'hépatectomie ).

Le risque de mortalité chez le donneur est de 0,4% en Europe et aux Etats-Unis. A la fin de l'année 2008, plus de 120 transplantations ont été réalisées avec un hémi-foie prélevé chez un donneur vivant au Centre Hépato-Biliaire.

 

Vidéo : La Greffe à donneur vivant

La greffe de foie à donneur familial reste exceptionnelle en France. Un reportage sur cette intervention rare a été réalisé au Centre Hépato-Biliaire par les journalistes de France 5 (Reportage diffusé dans l'émission "Allô Docteur" du 3 septembre 2012, France 5). Visionner ce reportage.