La Maladie de Wilson

Page mise à jour le 24/06/2016
Auteur : 
Dr. R. Sobesky, Pr. J.-C. Duclos-Vallée

La maladie de Wilson est une maladie génétique due à l'accumulation excessive de cuivre dans l'organisme, en particulier dans le foie et dans le système nerveux central.

La maladie est due au dysfonctionnement d'une protéine, la protéine ATP7B, qui est localisée principalement dans le foie, le cerveau et le rein, et permet l'élimination du cuivre dans la bile. Son dysfonctionnement entraîne l'accumulation de cuivre à l'intérieur des cellules et est responsable de lésions cellulaires.

Le gène responsable de la maladie de Wilson a été localisé sur le chromosome 13. Cette maladie est une affection autosomique récessive, c'est à dire que les deux chromosomes 13 d'une personne doivent être porteurs du gène Wilson pour que cette personne soit atteinte de la maladie. C'est une maladie peu fréquente : on estime qu'elle touche entre 1 et 3 personnes sur 100 000 en France.

Le gène Wilson existe sous plusieurs formes : plus de 350 mutations et 100 polymorphismes sont connus à ce jour. La plupart des malades sont hétérozygotes composites, c'est à dire qu'une mutation différente du gène est présente sur chacun de leurs chromosome 13.

Manifestations

Les manifestations cliniques de la Maladie de Wilson sont très variables : elles peuvent impliquer un ou plusieurs organes, ce qui peut rendre le diagnostic difficile. Le plus souvent, la maladie se manifeste par des symptômes neurologiques ou hépatiques. Elle apparaît aussi bien chez les enfants à partir de 3 ans que chez l'adulte. Les manifestations hépatiques précèdent généralement de 10 ans les manifestations neurologiques.

Les manifestations hépatiques de la maladie de Wilson sont présentes dans 45% des cas. Elles sont très variables : elles vont d'une anomalie très modérée des tests hépatiques chez un patient asymptomatique jusqu'à la cirrhose ou l'hépatite fulminante.

Les manifestations neurologiques s'observent souvent chez l'adolescent plus agé. Les symptômes sont là aussi très variables, associant à des degrés variables tremblement, dysarthrie (trouble de la parole), dystonie (troubles moteurs), troubles de l'écriture, troubles de la déglutition. Ces symptômes sont volontiers accompagnés de troubles psychiatriques, en particulier de syndromes dépressifs. Les manifestations psychiatriques de la maladie de Wilson peuvent être isolées et donc conduire à des retards diagnostics importants. Des formes mixtes - hépatiques et neurologiques - peuvent aussi exister. Il faut souligner que, lorsqu'il existe une atteinte neurologique, il y a toujours une maladie hépatique le plus souvent sous forme de cirrhose asymptomatique.

Chez les patients atteints de cette maladie, on peut observer, à l'intérieur de l'oeil, la présence d'un anneau de Kayser-Fleischer de coloration verte ou bronze. C'est la conséquence de dépôts de cuivre à la périphérie de la cornée, au niveau de sa face interne.

D'autres manifestations de la maladie de Wilson - manifestations rénales, ostéoarticulaires et endocriniennes - peuvent être présentes.

Diagnostic

Le diagnostic de la maladie de Wilson repose sur la mise en évidence d'anomalies biochimiques en rapport avec des anomalies du bilan cuivrique. Le taux sanguin de céruléoplasmine, protéine de transport du cuivre, est en général abaissé, voire effondré. Paramètre indispensable au diagnostic, la mesure du cuivre urinaire montre un taux presque toujours élevé, supérieur à 1,5 mmol/24h. Ce dosage est aussi d'un grand intérêt pour suivre l'efficacité et la compliance au traitement.

Le dosage quantitatif du cuivre réalisé à partir d'une biopsie hépatique apporte un élément diagnostic pour des valeurs supérieures à 4 mmol/g de tissu sec.

Le diagnostic génotypique familial s'effectue dans le cadre d'un dépistage dans la fratrie d'un sujet atteint. Il présente les avantages de ne pas nécessiter la connaissance des 2 mutations et de pouvoir être effectué très rapidement. Toutefois, il nécessite que le diagnostic clinique-biologique du cas index soit porté avec certitude au sein d'une famille.

Traitement

Pour être le plus efficace, le traitement doit être entrepris le plus tôt possible.

Régime alimentaire

Dans le régime alimentaire, les apports en cuivre doivent être restreints sans exagération, en privilégiant les régimes pauvres en cuivre. Les crustacés, fruits secs, abats, chocolat noir, noix et champignons ne doivent pas être consommés en quantité trop importante. Le régime n'est pas efficace à lui seul.

Traitement médicamenteux

Le traitement médicamenteux à vie est nécessaire en complément du régime. Il est basé sur l'utilisation de chélateurs du cuivre : des agents qui, en se combinant avec le cuivre, augmentent son excrétion urinaire et/ou diminuent son absorption intestinale.

La D-Penicillamine (Trolovol*) représente le traitement standard de référence. Ce traitement doit être institué le plus précocément possible et la compliance du patient doit être parfaite. De nombreux effets secondaires sont rapportés tels qu'une réaction d'hypersensibilité (25 à 30%) qui doivent imposer une réduction importante des doses voire un arrêt ainsi que l'administration d'une corticothérapie. Une toxicité subaigue de la moelle osseuse avec une répercussion sur la synthèse des globules rouges, blancs et plaquettes ainsi qu'une toxicité rénale manifestée par une protéinurie ont été rapportés. Une toxicité chronique peut être cutanée et peut être aussi représentée par différentes manifestations autoimmunes telles que le lupus erythémateux disséminé peut survenir.

La Trientine (triethylene tetramine dihydrohchloride) présente aussi des propriétés chélatrices du cuivre en augmentant son excrétion urinaire et en diminuant son absorption intestinale.

Le Zinc (Galzin*) peut être aussi utilisé ; son mode d'action est représenté par l'augmentation de synthèse de protéines qui favorisent la séquestration du cuivre dans les cellules intestinales.

Le suivi des patients atteints de maladie de Wilson doit être très rigoureux et en particulier les premières semaines après le début du traitement par un chélateur. Le traitement chélateur ne doit jamais être interrompu. Une rupture du traitement peut entraîner une aggravation de la fonction hépatique et de l'état neurologique qui peuvent être très rapides et sévères.

Transplantation hépatique

La transplantation hépatique est réservée aux formes fulminantes et aux formes hépatiques qui s'aggravent malgré un traitement médical bien conduit, en particulier les cirrhoses décompensées. La survie post transplantation est très bonne puisque le taux de survie à 5 ans est de 80%. Aucune récidive de la maladie de Wilson n'a été observée chez ces patients après transplantation hépatique.

Pour en savoir plus sur cette maladie et sa prise en charge, vous pouvez consulter le site Orphanet , ou bien nous contacter. Le Centre Hépato-Biliaire est Centre National de Référence sur la maladie de Wilson.

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